L’Europe face au défi des puces : Stellantis alerte sur sa dépendance
La récente prise de contrôle de Nexperia par le gouvernement néerlandais a ravivé un débat central : la souveraineté européenne dans le domaine stratégique des semi-conducteurs. Pour Antonio Filosa, directeur général de Stellantis, cette crise illustre la vulnérabilité d’une industrie automobile trop dépendante des chaînes d’approvisionnement extérieures, rapporte Reuters. Il déplore que l’écosystème européen ne confère « aucune autonomie » au secteur. Une situation jugée critique alors que les semi-conducteurs sont au cœur de la révolution électronique des véhicules modernes.
Les semi-conducteurs constituent la colonne vertébrale de l’automobile connectée. Chaque véhicule intègre désormais plusieurs milliers de puces, responsables du contrôle moteur, des systèmes d’aide à la conduite ou encore de la gestion énergétique. Or, la majorité de ces composants provient d’Asie, notamment de Taïwan, de la Corée du Sud et de la Chine. La moindre tension géopolitique, comme celle autour de Nexperia, menace ainsi la stabilité de la production européenne.
Nexperia, symbole d’un déséquilibre stratégique
L’affaire Nexperia, filiale d’un groupe chinois, a provoqué un séisme dans le secteur. En septembre, le gouvernement des Pays-Bas a repris le contrôle de l’entreprise, invoquant des risques pour la propriété intellectuelle et la sécurité technologique.
Cette décision a ralenti la chaîne d’approvisionnement et suscité des craintes parmi les constructeurs européens. D’autant que, simultanément, Pékin a imposé de nouvelles restrictions à l’exportation de matériaux essentiels à la fabrication de composants électroniques.
Vers une souveraineté électronique européenne
Pour Stellantis et d’autres groupes européens, la réponse ne peut venir que d’une stratégie industrielle de long terme. Cela implique de renforcer la recherche en microélectronique, de soutenir la fabrication locale de puces et d’investir massivement dans les technologies de pointe. Le projet dit « Chips Act » européen, lancé par Bruxelles, vise justement à doubler la part de l’Europe dans la production mondiale de semi-conducteurs d’ici 2030. Filosa estime toutefois que ces efforts devront s’intensifier pour constituer un réel levier d’indépendance technologique.
Alors que la Chine et les États-Unis accélèrent leur conquête du silicium, l’Europe tente de combler son retard. Les constructeurs chinois disposent déjà d’un écosystème complet, soutenu par des politiques industrielles ambitieuses. Filosa appelle à une mobilisation similaire sur le continent européen, soulignant que l’avenir de l’automobile, de la connectivité et de la mobilité intelligente dépendra de la capacité à maîtriser l’ensemble de la chaîne des semi-conducteurs.


