Semi-conducteurs en crise : ZF contrainte de ralentir la cadence
Le géant de l’équipement automobile ZF se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente technologique mondiale. Face à la pénurie persistante de semi-conducteurs, le groupe allemand envisage d’instaurer le chômage partiel sur plusieurs de ses sites, notamment ceux spécialisés dans la production électronique, selon Reuters.
Les difficultés d’approvisionnement en puces électroniques continuent de perturber la production de composants critiques pour ZF. Ces microprocesseurs, au cœur des systèmes de commande de freinage et d’aide à la conduite, dépendent en grande partie de livraisons venues du fabricant néerlandais Nexperia. Or, celui-ci rencontre actuellement des retards importants liés aux restrictions sur les exportations de puces fabriquées en Chine. Le porte-parole du groupe précise que, selon l’évolution des livraisons, certains ateliers pourraient ralentir ou interrompre temporairement leurs lignes, sans qu’il soit encore possible d’estimer combien de salariés seront concernés.
Les semi-conducteurs, nerf vital de l’industrie automobile
Cette situation met une nouvelle fois en lumière la dépendance stratégique des constructeurs et équipementiers européens à l’égard des chaînes d’approvisionnement asiatiques. Les semi-conducteurs, souvent invisibles mais omniprésents, commandent désormais la majorité des fonctions embarquées dans les véhicules modernes : gestion du freinage, pilotage des moteurs électriques, capteurs intelligents ou encore connectivité embarquée.
Pour ZF, un acteur clé dans la transition vers la mobilité électrique et autonome, cette crise constitue bien plus qu’un aléa industriel. Elle illustre la fragilité d’un modèle technologique ultra-connecté où la moindre rupture logistique provoque des goulets d’étranglement à l’échelle mondiale.
Les enjeux technologiques et géopolitiques des puces
Le cas Nexperia met en évidence les tensions géopolitiques autour du marché des semi-conducteurs. Les restrictions américaines et européennes sur certaines exportations chinoises pèsent directement sur le réapprovisionnement des usines européennes. ZF espère une issue rapide :
« Nous saluons les avancées politiques en cours et les discussions visant à assouplir les exportations des puces Nexperia », a indiqué le porte-parole.
Néanmoins, la reprise du flux logistique dépendra des arbitrages entre sécurité technologique, souveraineté industrielle et intérêts commerciaux.
Vers une relocalisation électronique en Europe ?
Face à cette crise à répétition, la question d’une relocalisation partielle de la production de semi-conducteurs en Europe refait surface. Le plan européen pour les puces, doté de plusieurs milliards d’euros, vise à réduire la dépendance envers l’Asie en soutenant la création de nouvelles fonderies sur le continent.
Pour ZF et d’autres leaders de la chaîne automobile, cet effort de souveraineté technologique représente un enjeu majeur pour la stabilité industrielle à long terme. D’ici là, l’équipementier doit composer avec l’incertitude, et préparer ses équipes à des ajustements temporaires, dans l’attente du retour à un approvisionnement stable en puces électroniques.
