Les Pays-Bas s’emparent de Nexperia pour préserver l’industrie des semi‑conducteurs
Le gouvernement des Pays-Bas a annoncé dans un communiqué la prise de contrôle du fabricant de semi-conducteurs Nexperia, basé aux Pays-Bas mais détenu à 100% par le groupe chinois Wingtech. Cette mesure exceptionnelle découle de signaux jugés « graves » concernant la gestion de l’entreprise et de craintes liées à un transfert de technologies clés vers la Chine.
Selon le ministère néerlandais des Affaires économiques, cette intervention vise à préserver la continuité et la sécurité des connaissances technologiques sur le sol européen. Les puces produites par Nexperia, allant de simples composants comme diodes et transistors à des technologies plus avancées pour améliorer l’efficacité des batteries, sont jugées stratégiques pour l’industrie automobile, l’électronique grand public et les projets énergétiques.
Effet immédiat sur Wingtech
À la suite de cette annonce, les actions de Wingtech ont chuté de 10% à Shanghai. L’entreprise a déclaré consulter ses avocats et chercher un soutien gouvernemental afin de protéger ses intérêts légitimes. Elle a également confirmé que ses capacités de décision et d’efficacité opérationnelle seraient temporairement limitées, conformément aux ordonnances du gouvernement néerlandais et des tribunaux.
Remaniement de la gouvernance de Nexperia
Un élément clé de l’intervention consiste en la suspension, ordonnée par le tribunal d’Amsterdam, du président Zhang Xuezheng du conseil d’administration de Nexperia. Il sera remplacé par un dirigeant indépendant, non chinois, disposant d’un « vote décisif » dans les décisions stratégiques de l’entreprise.
Une entreprise au cœur de l’écosystème européen des semi‑conducteurs
Nexperia, anciennement une branche de Philips, s’est imposée comme l’un des plus grands producteurs mondiaux de puces basiques. En 2018, Wingtech l’a acquise pour environ 3,63 milliards de dollars. Malgré cette intégration, Nexperia affirme fonctionner de manière autonome et respecter toutes les réglementations, contrôles à l’exportation et régimes de sanctions.
Contexte géopolitique et régulation des exportations
La décision néerlandaise s’inscrit dans un environnement international marqué par un contrôle élevé des exportations de technologies stratégiques. Wingtech figure depuis décembre 2024 sur la « entity list » américaine des entreprises présentant un risque pour la sécurité nationale. En septembre 2025, les États-Unis ont étendu les règles de cette liste pour inclure automatiquement les filiales détenues à 50% ou plus par des sociétés inscrites. Bien qu’aucun lien officiel n’ait été confirmé, les Pays-Bas et les États-Unis coopèrent étroitement dans le domaine du contrôle des exportations de l’industrie des semi-conducteurs.
Cette prise de contrôle témoigne de l’importance stratégique croissante des semi-conducteurs et du rôle central que joue leur maîtrise dans la souveraineté technologique. En empêchant un possible transfert de savoir-faire vers la Chine, les autorités néerlandaises cherchent à garantir la compétitivité et la sécurité de l’industrie électronique européenne à long terme.


