Guerre des semi-conducteurs : Washington veut renforcer les sanctions contre la Chine
Selon le rapport du Comité spécial de la Chambre des représentants sur la Chine, les fabricants chinois ont acquis pour 38 milliards de dollars d’équipements de production de semi-conducteurs en 2024, soit une hausse de 66 % par rapport à 2022. Ces achats provenaient des cinq principaux fournisseurs mondiaux, dont Applied Materials, Lam Research, KLA, ASML et Tokyo Electron, représentant près de 39 % de leur chiffre d’affaires combiné.
Les divergences entre les règles d’exportation des États-Unis, du Japon et des Pays-Bas ont permis à certains fournisseurs non américains de vendre des machines à des entreprises chinoises ciblées par Washington. Résultat : Pékin a pu se fournir légalement en matériel de pointe que les entreprises américaines, elles, ne pouvaient livrer.
Vers un bannissement élargi et coordonné
Le comité recommande un élargissement des restrictions, en visant l’ensemble du secteur chinois des semi-conducteurs plutôt que des entreprises spécifiques. L’objectif : freiner la montée en puissance de la Chine dans la production de puces hautes performances, essentielles à l’intelligence artificielle, la modernisation militaire et les infrastructures numériques stratégiques.
Entreprises et sécurité nationale
Trois sociétés chinoises, SwaySure Technology Co, Shenzhen Pengxinxu Technology Co et SiEn (Qingdao) Integrated Circuits Co, sont considérées comme particulièrement sensibles. Déjà signalées pour leurs liens présumés avec un réseau secret soutenant Huawei, elles sont désormais soumises à des interdictions américaines d’exportation depuis décembre dernier.
Risque d’autonomie technologique chinoise
Le rapport met aussi en garde contre la capacité de Pékin à produire ses propres outils grâce à des composants importés. Restreindre ces pièces critiques serait essentiel pour contrer la stratégie chinoise visant à “réécrire toute la chaîne d’approvisionnement” du secteur. Les segments les plus spécialisés de la fabrication, autrefois marginaux, sont devenus de nouveaux terrains de confrontation.
Mark Dougherty, président de Tokyo Electron USA, confirme que les ventes vers la Chine reculent en 2025, notamment à cause de nouvelles régulations. Il estime indispensable une coordination plus poussée entre Washington et Tokyo pour atteindre les objectifs fixés par les États-Unis. Les entreprises ASML, KLA, Applied Materials et Lam Research n’ont pas souhaité commenter le rapport.


