
SMIC mise sur la technologie locale pour la fabrication de puces IA en Chine
Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC), le plus grand fondeur de Chine, a entamé des essais d’équipements locaux de fabrication avancée de semi-conducteurs destinés aux processeurs d’intelligence artificielle, selon le Financial Times. La société teste actuellement une machine de lithographie à ultraviolets profonds (DUV) développée par la start-up Yuliangsheng, basée à Shanghai. Ces équipements sont essentiels à la production de puces de nouvelle génération et pourraient représenter une étape essentielle pour réduire la dépendance du pays aux fournisseurs étrangers.
La lithographie DUV est un procédé indispensable pour graver des circuits à échelle nanométrique, constituant un pilier de la fabrication des puces avancées. Jusqu’à présent, la Chine s’est largement appuyée sur le géant néerlandais ASML, qui domine le marché mondial grâce à ses systèmes de lithographie. Toutefois, les restrictions américaines sur les exportations de technologies stratégiques empêchent Pékin d’accéder aux générations les plus avancées de ces équipements, en particulier les machines à ultraviolets extrêmes (EUV), capables de produire les processeurs utilisés par des entreprises comme NVIDIA.
Un enjeu géopolitique et technologique
Cette initiative s’inscrit dans un contexte marqué par les tensions technologiques entre Washington et Pékin. Les États-Unis ont renforcé les contrôles sur l’exportation des équipements de production de semi-conducteurs afin de freiner les avancées chinoises dans l’intelligence artificielle et le calcul haute performance.
En réaction, Pékin encourage le développement d’une chaîne d’approvisionnement locale capable de soutenir la production de puces avancées. La mise au point réussie d’une technologie lithographique nationale représenterait ainsi un tournant stratégique, en permettant au pays de limiter sa vulnérabilité face aux sanctions occidentales.
Des résultats encore incertains
Les premiers essais menés par SMIC avec la machine de Yuliangsheng ont donné des résultats techniquement prometteurs. Cependant, il reste à déterminer si ce prototype pourra être adapté à une production industrielle à grande échelle. Fabriquer des puces avancées nécessite une précision extrême et une fiabilité constante, deux défis majeurs pour les acteurs émergents de la lithographie. Pour l’instant, rien ne garantit que cette machine sera capable de répondre aux standards requis par les applications d’IA de pointe.
Malgré les incertitudes, cette annonce a déjà eu un effet tangible sur les marchés financiers. L’été dernier, les projets d’autosuffisance technologique avaient fait bondir les actions des fabricants de semi-conducteurs chinois. Le test de SMIC vient renforcer cette dynamique en montrant que l’écosystème local est capable de proposer des alternatives crédibles aux équipements étrangers. À terme, si ces machines parviennent à être déployées, elles pourraient jouer un rôle décisif dans l’ambition de la Chine de se hisser au rang de puissance dominante dans le domaine des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle.