
Semi-conducteurs : La Chine épingle Nvidia pour infraction à la loi antimonopole
La Chine a accusé Nvidia d’avoir enfreint sa législation antimonopole, ouvrant ainsi un nouveau front dans la rivalité technologique avec les États-Unis, rapporte Reuters. Pour Pékin, l’affaire dépasse le seul cadre juridique : elle touche aux semi-conducteurs, au cœur des tensions stratégiques entre les deux premières puissances mondiales.
L’Administration d’État pour la régulation du marché (SAMR) a indiqué qu’une enquête préliminaire révélait que Nvidia avait enfreint la loi antimonopole chinoise. Sans préciser la nature exacte des infractions, le régulateur fait planer une menace potentielle sur un acteur clé des semi-conducteurs. La sanction pourrait aller d’amendes représentant jusqu’à 10% du chiffre d’affaires annuel à des restrictions commerciales étendues.
Une réponse à l’escalade américaine sur les semi-conducteurs
Selon des analystes, cette annonce s’inscrit dans la riposte de Pékin aux mesures américaines visant l’industrie technologique chinoise. La décision intervient après l’ajout de 23 sociétés chinoises à la liste noire commerciale américaine, confirmant que les semi-conducteurs restent une arme économique et géopolitique.
Pékin cherche ainsi à rappeler que Washington n’est pas le seul à pouvoir exercer des pressions.
Les conditions liées à l’acquisition de Mellanox en question
L’enquête chinoise cible notamment le respect des engagements pris lors de l’acquisition de Mellanox Technologies en 2020. Nvidia s’était alors engagé à continuer de fournir au marché chinois des accélérateurs GPU essentiels au calcul informatique. Mais les restrictions américaines sur l’exportation des puces les plus avancées ont limité ce flux.
Pour Pékin, cette rupture pourrait constituer une violation directe des conditions posées à l’époque.
Nvidia et les ventes de GPU adaptées à la Chine
Confronté aux contrôles à l’exportation de Washington, Nvidia a tenté d’adapter son offre en proposant des versions modifiées de ses GPU, comme la puce H20, conçue spécifiquement pour le marché chinois.
Mais Pékin multiplie désormais les signaux de méfiance : les régulateurs du cyberespace ont récemment interrogé l’entreprise sur d’éventuels risques de sécurité liés à cette puce, craignant un impact sur la protection des données locales.
Un marché stratégique mais de plus en plus fermé
La Chine a généré 17 milliards de dollars de revenus pour Nvidia lors de son dernier exercice, soit 13% de ses ventes mondiales. Le pays représente le deuxième marché pour les semi-conducteurs du groupe, derrière les États-Unis. Mais Pékin pousse ses champions technologiques, comme Huawei, vers une plus grande autonomie en matière de conception et de fabrication de puces, accentuant la pression concurrentielle sur Nvidia.
Des vents contraires technologiques pour le géant américain
Nvidia reste incontournable dans le domaine des puces d’intelligence artificielle, véritable moteur de sa croissance récente. Mais les restrictions américaines, la surveillance accrue de Pékin et l’émergence d’alternatives locales compliquent son implantation sur un marché essentiel.
Pour les analystes, l’impact à court terme pourrait être limité, mais à long terme, Nvidia risque d’être confronté à un double verrouillage : la dépendance aux règles américaines et la défiance des autorités chinoises.