
Relance du site BelGaN : Un investisseur européen s’engage dans la production de nouvelles puces
Un investisseur européen a conclu un accord avec les curateurs de BelGaN, l’ancienne fonderie de semi-conducteurs belge en faillite, selon la Belga News Agency. Le projet prévoit une injection comprise entre 200 et 250 millions d’euros afin de relancer la production sur le site d’Oudenaarde, en Flandre-Orientale. L’acquisition des bâtiments, incluant deux salles blanches essentielles à la fabrication de puces, a été finalisée pour 20,35 millions d’euros. Cette reprise marque une étape clé puisque BelGaN représentait le dernier acteur industriel de la filière des puces en Belgique.
BelGaN s’était tournée, dans ses dernières années, vers le nitrure de gallium (GaN), un matériau très prometteur pour les secteurs des chargeurs rapides, des véhicules électriques et des centres de données. Mais son développement nécessitait des investissements lourds et des délais de rentabilité trop longs. L’entreprise, victime d’un manque de trésorerie, avait dû déposer le bilan. La nouvelle relance fera l’impasse sur cette technologie, jugée trop risquée à court terme.
Un virage vers les puces photoniques
Le cœur du nouveau projet réside dans la mise en place d’une production de puces photoniques, une technologie en plein essor. Contrairement aux circuits électroniques traditionnels, ces composants utilisent des signaux lumineux plutôt que des électrons, offrant des vitesses de traitement supérieures et une consommation énergétique réduite.
Les applications visées concernent des secteurs stratégiques : l’intelligence artificielle, les data centers, mais aussi l’automobile, en quête de solutions plus performantes pour gérer la connectivité et les volumes croissants de données.
Une dynamique de réindustrialisation et d’emplois
La reprise de l’activité industrielle devrait permettre la création de jusqu’à 500 emplois, un signe positif pour la région d’Oudenaarde mais également pour l’ensemble de l’écosystème technologique belge.
Dans un contexte européen marqué par une volonté accrue de souveraineté technologique et de sécurisation des chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs, cette opération pourrait devenir une référence.
Une compétition mondiale autour du site
Trois investisseurs étaient en lice : aux côtés du repreneur européen dont l’identité reste confidentielle, des acteurs chinois et indiens avaient également soumis des offres. Le choix final, validé par le tribunal de l’entreprise, illustre une volonté claire de maintenir une empreinte européenne dans un secteur stratégique.
La relance du site BelGaN ne se limite pas au sauvetage d’emplois ni à la sauvegarde d’un site industriel. Elle incarne la volonté de l’Europe de réduire sa dépendance vis-à-vis des leaders asiatiques et américains dans les semi-conducteurs. En s’orientant vers la photonique, technologie de rupture complémentaire au silicium, la Belgique pourrait retrouver un rôle moteur dans la nouvelle génération de puces indispensables à l’économie numérique.