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© Liviorki for Evertiq
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Semi-conducteurs : Pékin veut ses data centers IA 100% chinois

La Chine franchit une nouvelle étape dans son ambition technologique. Pékin vient d’officialiser une règle imposant aux data centers publics de s’équiper à plus de 50% de semi-conducteurs conçus localement, selon le South China Morning Post. Derrière cette décision, l’objectif est clair : réduire une dépendance jugée stratégique envers les géants étrangers, et plus particulièrement américains, qui dominent encore le marché des processeurs et GPU destinés au cloud et à l’intelligence artificielle.

L’initiative trouve son origine dans un décret municipal publié à Shanghai en mars 2024, qui fixait la part minimale de puces locales à 50% d’ici 2025. Ce test grandeur nature a rapidement été adopté par Pékin à l’échelle nationale. L’État entend ainsi garantir des débouchés pour ses fabricants et répondre aux restrictions d’exportation imposées par Washington sur les technologies de pointe. Cette annonce s’inscrit dans le cadre du programme « Made in China 2025 », qui vise à porter la production nationale de semi-conducteurs à 305 milliards de dollars d’ici 2030, avec un objectif d’autosuffisance avoisinant 70%.

Un écosystème de data centers dopé par l’IA

Le contexte est propice : plus de 500 nouveaux projets de data centers ont été initiés en Chine en 2023 et 2024, notamment dans les provinces de Mongolie Intérieure et de Guangdong. L’essor de l’intelligence artificielle confère à ces centres une importance stratégique, puisqu’ils constituent le socle de l’économie numérique de demain.

Des semi-conducteurs locaux encore en retrait

Le défi est considérable. Les fondeurs chinois maîtrisent principalement des procédés de gravure relativement matures, autour de 22 à 28 nm, loin des nœuds de 7 nm, 5 nm ou même 3 nm exploités par les leaders taïwanais ou américains.

  • Pour les apprentissages complexes (training) de modèles d’IA, les GPU américains, de la gamme Nvidia H100 / H800, conservent une avance technologique indiscutable.
  • Les puces chinoises, comme celles de Huawei ou Biren, se révèlent plus adaptées aux tâches d’inférence, soit l’exécution de modèles déjà entraînés.

Huawei Ascend, symbole d’une alternative nationale

Au cœur de la stratégie, Huawei impose son processeur Ascend comme le fer de lance d’une offre nationale. Mais l’écosystème logiciel pose problème : les frameworks maison, comme CANN de Huawei ou PaddlePaddle de Baidu, ne sont pas compatibles avec CUDA de Nvidia, le standard quasi universel pour l’IA.
 

Résultat : la migration des modèles et outils représente un coût et un ralentissement pour les acteurs chinois, contraints d’adapter leurs solutions.

Des alliances locales pour accélérer la transition

Malgré ces contraintes, l’écosystème chinois se structure.

  • L’éditeur iFlytek collabore déjà avec Huawei pour entraîner ses modèles sur des Ascend.
  • La start-up SiliconFlow, basée à Pékin, développe des logiciels optimisés pour l’IA locale.

Ces partenariats illustrent la volonté de bâtir une chaîne d’innovation endogène, intégrant matériel et logiciel, afin de réduire la dépendance aux standards américains.

Une innovation sous contrainte

La bascule vers des puces 100% locales pourrait néanmoins ralentir l’innovation. Exemple frappant : le modèle DeepSeek R2 a vu son déploiement retardé faute d’accès à des GPU Nvidia, remplacés in extremis par des Ascend, moins performants sur certaines tâches. La Chine semble toutefois privilégier la souveraineté technologique à la performance brute, assumant une stratégie de moyen-long terme où la sécurité et le contrôle de la chaîne de valeur priment sur la compétitivité immédiate.

Cette décision de Pékin bouleverse déjà la carte mondiale des semi-conducteurs. Pour les fabricants étrangers, notamment américains, c’est un marché colossal qui se ferme partiellement. Pour la Chine, c’est l’opportunité de stimuler son industrie, d’encourager l’investissement et de renforcer sa résilience face aux sanctions. À terme, l’enjeu dépasse l’économie : il s’agit pour Pékin de réaffirmer sa capacité à façonner l’infrastructure technologique de l’intelligence artificielle en dehors de l’orbite américaine.


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