La Chine déconseille la puce H20 de Nvidia
Pékin a recommandé aux entreprises locales d’éviter les puces H20 de Nvidia, notamment pour les usages liés au gouvernement et à la sécurité nationale. Cette directive, relayée par Bloomberg et renforcée par des avis officiels, s’inscrit dans une stratégie où la Chine souhaite réduire sa dépendance aux technologies américaines et soutenir sa propre industrie du semi-conducteur. La mesure intervient alors que Nvidia avait obtenu une levée temporaire de l’interdiction américaine de vendre des H20 en Chine, rendant cette puce le composant d’intelligence artificielle le plus évolué accessible sur le marché chinois depuis mi-2024.
La puce H20 s’appuie sur l’architecture Hopper et se distingue par ses capacités d’inférence IA et sa faible consommation (TDP de 350W contre 700W pour la H100). Elle embarque 96GB de mémoire HBM3 avec une bande passante de 4.0TB/s et possède 14,592 cœurs CUDA, optimisés pour de grands modèles et le déploiement dans le cloud. Avec ses 900 TFLOPS en FP16, elle offre des performances compétitives pour l’inférence et les applications financières ou médicales, tout en restant en retrait par rapport à la H100 pour l’entraînement de modèles massifs.
Sécurité et confiance : les inquiétudes chinoises
Les médias d’État chinois ont signalé des préoccupations quant à la sécurité des H20, notamment sur la possibilité d’un accès ou d’un contrôle à distance (« backdoor ») par les gouvernements étrangers. Nvidia a rejeté ces allégations en soulignant l’absence de portes dérobées ou de mécanismes de surveillance dans ses puces.
Ces soupçons alimentent la méfiance et servent de justification officielle à la recommandation de privilégier des alternatives domestiques.
Pression sur les champions nationaux et stratégies alternatives
Cette politique incitative se traduit aussi par une pression directe sur des géants technologiques comme Alibaba ou ByteDance, sommés de justifier l’achat de H20 face à l’offre locale. Dans le même temps, la Chine accélère la promotion de ses propres solutions, notamment les puces Ascend de Huawei, qui rivalisent désormais avec Nvidia pour certaines applications IA et affichent de prometteuses avancées, tant sur le plan du calcul que de la gestion mémoire.
SMIC et le marché des semi-conducteurs chinois
Le secteur des semi-conducteurs chinois bénéficie de cette réorientation, comme le montre l’envolée des actions du leader national SMIC et la montée en puissance rapide de ses capacités de production sur des nœuds avancés comme le 7nm.
Malgré un retard technologique vis-à-vis des acteurs américains ou coréens, l’industrie locale manifeste un dynamisme soutenu, porté par la demande interne et un environnement géopolitique qui favorise l’indépendance technologique.
Un marché mondial en mutation rapide
L’ensemble du marché mondial des semi-conducteurs reste en forte croissance, tiré par la demande en IA, mémoire avancée et électronique de pointe. Les tensions sino-américaines continuent de remodeler la chaîne d’approvisionnement : les restrictions d’export imposées par Washington obligent les entreprises chinoises à accélérer le développement national.
L’enjeu est de taille, puisque le segment des puces génératives d’IA pourrait représenter plusieurs centaines de milliards de dollars dès 2028, avec la Chine en quête de place de leader.
