
Droits de douane et semi-conducteurs : Trump assouplit la pression sur la Chine pour trois mois
Donald Trump a annoncé, selon CNBC, une prolongation de 90 jours de la suspension des droits de douane prohibitifs entre les États-Unis et la Chine, offrant ainsi une bouffée d’oxygène à l’industrie technologique mondiale, en particulier aux fabricants de semi-conducteurs, d’électronique et de matériel de pointe. Cette trêve, intervenant à la veille d’un relèvement massif des surtaxes douanières, vise à offrir un environnement de négociations plus serein, alors que les deux grandes puissances tentent de finaliser un nouvel accord commercial d’ici à octobre.
Les négociations entre Washington et Pékin ont placé les semi-conducteurs et les composants électroniques au centre des discussions. Si le président Trump avait durci la position américaine en bloquant les exportations de puces de dernière génération vers la Chine au printemps, il a finalement autorisé, sous certaines conditions, la reprise des exportations de puces dédiées à l’intelligence artificielle, comme les modèles H20 fabriqués par Nvidia. Cette ouverture, précédée d’un lobbying intense du secteur américain, s’accompagne d’un dispositif inédit : Nvidia et AMD devront reverser 15% de leurs revenus générés en Chine au gouvernement américain en échange de licences d’exportation.
Chips « bridés » : une stratégie de limitation technologique
Trump se montre particulièrement vigilant sur les modèles les plus avancés. S'il reste ferme sur l’interdiction d’exporter les puces Blackwell ultra-performantes, il n'exclut pas la vente à la Chine d’une version bridée, « amoindrie » de 30% à 50% en capacité, garantissant ainsi que Pékin ne puisse accéder à la pointe de la technologie américaine tout en maintenant un flux commercial intéressant pour les entreprises US.
Cette stratégie vise à ralentir la montée en puissance technologique chinoise tout en gardant la maîtrise sur les innovations stratégiques.
Tensions sur la sécurité et souveraineté technologique
L’ouverture partielle du marché des semi-conducteurs n’est pas sans controverses. Côté chinois, des voix s’élèvent contre l’utilisation potentielle de « backdoors » et de failles de sécurité dans les puces américaines, tandis qu’aux États-Unis, de nombreux responsables craignent que les exportations favorisent les capacités militaires et l’intelligence artificielle chinoises.
Cette dualité illustre la nouvelle donne du commerce international : la souveraineté technologique s’impose comme un enjeu central aux dépens de la libre circulation des produits électroniques.
Rare earths et matières premières : un levier de négociation
Les matières premières stratégiques, à commencer par les terres rares indispensables à la fabrication des semi-conducteurs et des aimants électroniques, pèsent lourd dans la balance commerciale.
Pékin, fort de sa position dominante dans l’extraction et la transformation de ces minerais, a habilement négocié une accélération des procédures de licences à l’exportation vers les États-Unis, en échange d’un assouplissement des contrôles sur les semi-conducteurs américains. Ce jeu de concessions réciproques façonne un équilibre fragile entre protectionnisme et collaboration industrielle.