
Nvidia et AMD : Une taxe inédite de 15% sur les puces exportées vers la Chine
Nvidia et AMD, deux piliers mondiaux des semi-conducteurs, ont accepté de reverser 15% de leurs revenus issus de la vente de puces avancées à la Chine directement au gouvernement américain, selon une information du Financial Times. Cette décision, conclue sous l’administration Trump, conditionne l’obtention de licences d’exportation pour leurs puces d’intelligence artificielle (comme le H20 de Nvidia et le MI308 d’AMD), ouvrant ainsi la voie à un précédent où la géopolitique influe directement sur la chaîne de valeur électronique.
La puce H20, spécifiquement désignée par Nvidia pour le marché chinois afin de contourner les restrictions américaines sur les semi-conducteurs les plus avancés, est au centre de cet accord. Le MI308 d’AMD est aussi concerné. Ces composants sont essentiels dans les applications d’IA, notamment l’entraînement de modèles d’apprentissage profond, un secteur ultra-stratégique aussi bien pour la Défense que pour les géants du web chinois comme Baidu ou Alibaba.
Enjeux technologiques et industriels : Pourquoi la Chine est indispensable ?
La Chine représente un marché clé : en 2024, elle a généré 17 milliards de dollars pour Nvidia (13% de ses ventes) et 6,2 milliards pour AMD (24% du chiffre d’affaires total). Pour ces constructeurs, la perte du marché chinois mettrait en danger leur suprématie technologique et, paradoxalement, donnerait une occasion en or aux concurrents chinois comme Huawei d’accélérer leur rattrapage technologique dans la conception de puces d’IA.
Cette "taxe" de 15% prélevée à la source pourrait amputer de plusieurs milliards de dollars les marges brutes des deux entreprises. Selon des analystes, cette politique va réduire les marges sur ce segment de 5 à 15 points, sans compter l’incertitude liée à la reprise effective des ventes, suspensions ou délais induits par ce nouveau cadre règlementaire.
Les réactions dans l’écosystème des semi-conducteurs
L’initiative divise la sphère technologique et politique américaine. Certains économistes et experts en sécurité pointent l’incohérence : si ces exportations représentent un danger pour la sécurité nationale, pourquoi les autoriser contre rémunération ? À l’inverse, d’autres y voient un compromis pragmatique, qui garantit le maintien de la chaîne d’approvisionnement mondiale tout en maximisant le retour financier pour le Trésor américain et en gardant les industriels chinois dépendants des technologies américaines.
Ce mécanisme, inédit dans l’histoire de l’industrie électronique, démontre comment la géopolitique façonne désormais les flux d’innovation et de valeur dans les semi-conducteurs. L’accord souligne aussi la volonté américaine de rester incontournable sur l’ensemble de la chaîne de l’IA, même si cela signifie un compromis entre sécurité, commerce, et contrôle technologique global.