
Le PDG d’Intel va à la Maison Blanche pour discuter des enjeux de souveraineté des semi-conducteurs
Le PDG d’Intel, Lip-Bu Tan, s’est rendu ce lundi à la Maison Blanche pour rencontrer le président Donald Trump. L’entretien prévu devrait mettre en lumière l'importance de maintenir et renforcer la production de puces électroniques sur le sol américain, selon Reuters. Ce déplacement intervient alors que le secteur des semi-conducteurs américain se trouve au cœur d’enjeux stratégiques majeurs : tensions commerciales avec la Chine, sécurisation des chaînes d’approvisionnement, et impératif de souveraineté technologique pour le pays.
À l’heure où l’industrie mondiale des semi-conducteurs est dominée par des acteurs asiatiques, la capacité d’Intel à fabriquer des composants avancés, essentiels à la fois pour l’armée américaine et de nombreux pans de l’économie civile, est désormais considérée comme un pilier de la sécurité nationale. Le gouvernement américain, à travers le CHIPS Act et d’importants investissements, notamment 7,86 milliards de dollars alloués récemment à Intel, vise à revitaliser une filière autrefois en déclin et à se prémunir contre tout risque de dépendance vis-à-vis de fournisseurs étrangers.
Le rôle central d’Intel dans la stratégie industrielle américaine
Intel a récemment obtenu, en plus du soutien du CHIPS Act, des financements spécifiques du département de la Défense pour le projet « Secure Enclave », destiné à garantir un approvisionnement domestique en microélectronique de pointe pour la défense nationale. La société développe actuellement ses technologies avancées (notamment l’Intel 18A), essentielles pour garder une longueur d’avance dans la guerre technologique qui oppose États-Unis et Chine.
Polémique sur les investissements chinois de Lip-Bu Tan
La visite du dirigeant s'inscrit également dans un climat houleux, alimenté par des accusations récentes concernant ses liens passés avec des entreprises chinoises du secteur électronique. Lip-Bu Tan, qui a investi massivement dans des start-ups chinoises via ses précédentes fonctions, fait l’objet de critiques quant au risque de conflit d’intérêts, certains des bénéficiaires de ses investissements étant soupçonnés d’entretenir des relations avec le complexe militaro-industriel chinois.
Le président Trump a exigé publiquement la semaine dernière la démission de Tan, le qualifiant de « hautement conflictuel » et mettant en doute sa capacité à redresser Intel tout en défendant les intérêts stratégiques américains.
Vers une relance industrielle ambitieuse
Face à cette pression, Lip-Bu Tan entend tirer profit de ce rendez-vous pour présenter sa vision, exposer son parcours personnel et professionnel, et défendre son engagement envers les intérêts américains. Selon des sources proches du dossier, il proposera des pistes de collaboration renforcée entre Intel et le gouvernement, insistant sur sa volonté d’aligner la stratégie de l’entreprise avec les impératifs de sécurité et de souveraineté nationale.
Malgré la polémique, la rencontre de ce lundi pourrait accélérer la relance de l’industrie américaine des semi-conducteurs, un secteur vital pour la compétitivité future du pays. Pour le gouvernement, comme pour Intel, il s'agit de restaurer une capacité industrielle d’excellence, de créer des emplois hautement qualifiés et d’assurer le leadership technologique des États-Unis sur le long terme.