
Semi-conducteurs : Exemptions et records malgré la pression de Trump
Malgré l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers américains imposés par l’administration Trump, dont la taxe de 100% sur les semi-conducteurs importés, les marchés boursiers mondiaux, et en particulier les valeurs technologiques et électroniques, ont étonnamment bien résisté, selon l’AFP. Alors que l’on redoutait depuis des semaines une onde de choc sur le secteur, Wall Street et les places asiatiques ont enregistré des gains, offrant une illustration éclatante de la résilience et de l’adaptabilité des géants électroniques.
Si la rhétorique présidentielle visait avant tout à rapatrier la production de puces électroniques aux États-Unis, la réalité est plus nuancée. Donald Trump a explicitement déclaré que ces nouveaux tarifs n’affecteraient pas les entreprises ayant investi, ou s’engageant à investir, massivement sur le sol américain. Cette annonce a dès lors dopé les principaux acteurs du secteur. L’action de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), premier fondeur mondial, a bondi de près de 5% à Taipei, bénéficiant d’une exemption grâce à plusieurs implantations majeures, dont un investissement cumulé de plus de 165 milliards$ aux États-Unis, dont un nouveau plan de 100 milliards annoncé cette année. De même, les géants sud-coréens, Samsung et SK hynix, déjà présents avec des usines au Texas, se retrouvent aussi partiellement exonérés de cette surtaxe, ce qui a propulsé leurs titres à la hausse à Séoul.
Apple : la pression paie, 100 milliards de dollars investis aux États-Unis
Le cas d’Apple illustre parfaitement la stratégie présidentielle : sous la pression de la Maison Blanche menaçant d’imposer un tarif punitif sur les composants importés, la marque à la pomme a promis cette semaine 100 milliards$ d’investissements supplémentaires dans la chaîne d’approvisionnement et la production aux États-Unis.
Cette annonce s’inscrit dans un programme industriel à grande échelle (American Manufacturing Program), encourageant ses partenaires comme Corning ou Texas Instruments à fabriquer davantage localement.
Apple assure que l’essentiel du verre pour ses iPhone et Apple Watch sera désormais produit dans le Kentucky, tandis qu’un important centre de R&D sera créé pour développer les futurs matériaux et composants avancés nécessaires à ses produits.
Les géants asiatiques en pole position, les outsiders pénalisés
La politique américaine distingue donc les champions investissant sur le marché intérieur (TSMC, Samsung, SK hynix, Apple) de leurs concurrents asiatiques moins implantés, comme Tokyo Electron ou Renesas, qui restent exposés à la surtaxe. Le gouvernement taïwanais l’a reconnu : certains concurrents locaux vont souffrir, mais l’avance technologique de TSMC sur ses poursuivants devrait se maintenir, à condition de garder le rythme des innovations.
Doutes et incertitudes : que recouvrent vraiment les nouvelles taxes ?
Si le principe affiché est simple, taxer toute puce importée hors États-Unis, de nombreuses zones d’ombre persistent. Jusqu’où devoir assembler sur le territoire américain pour être considéré comme "local" ? Les produits finis comme les smartphones seront-ils concernés, ou seulement les composants bruts ?
Les analystes mettent en garde : le texte définitif des mesures, encore flou, sera déterminant pour calculer l’impact réel sur les chaînes mondiales d’approvisionnement de la tech.
Conséquences à court terme : un secteur sous tension mais solide
Les investisseurs gardent leur sang-froid, convaincus que la plupart des grands groupes sauront naviguer entre les obstacles réglementaires. La volonté américaine de rapatrier la valeur ajoutée demeure. Mais la transition dépendra du rythme des implantations industrielles effectives, des exonérations négociées, et de la capacité des acteurs électroniques à reformuler leur stratégie mondiale.
Jusqu’ici, les marchés misent sur la puissance d’innovation, la mobilité des chaînes de valeur et la diplomatie économique, plutôt que sur la peur d’une guerre commerciale généralisée.