
Trump officialise une taxe de 100 % sur les puces importées
Donald Trump a relancé les hostilités commerciales dans l’électronique. Le président américain a annoncé mercredi l’imposition prochaine d’un tarif douanier de 100 % sur les importations de semi-conducteurs, tout en précisant que les entreprises qui fabriquent sur le sol américain — ou s’y sont engagées — seraient exemptées, selon Reuters.
Cette déclaration fait suite à des mois de tension autour de la souveraineté technologique des États-Unis. Selon Trump, cette mesure vise à « ramener la production stratégique à la maison », un discours renforcé par l’annonce simultanée d’un investissement de 100 milliards de dollars par Apple dans ses activités américaines.
Exemptions ciblées : TSMC, Samsung, Apple dans le viseur… mais épargnés
Dans les détails, les entreprises disposant d'usines opérationnelles ou en construction aux États-Unis, comme TSMC, Samsung, SK Hynix ou encore GlobalWafers, devraient échapper à cette surtaxe. Les commentaires de Trump sont toutefois restés flous sur les modalités concrètes d’application, laissant planer une incertitude juridique sur les critères d’éligibilité à l’exemption.
Côté Taïwan, le gouvernement a précisé que TSMC a multiplié les acquisitions d’usines et les co-entreprises sur le sol américain, assurant ainsi une relative immunité pour ses clients, dont Nvidia.
La Corée du Sud, pour sa part, a confirmé que Samsung et SK Hynix bénéficieront des conditions les plus favorables, grâce à un accord bilatéral préexistant avec Washington.
En revanche, la Chine — et en particulier SMIC et Huawei — semble visée directement. Bien que leurs puces soient souvent intégrées à des produits finis, Trump n’a pas exclu de renforcer les contrôles sur ces composants.
Impact géopolitique et économique mondial
La mesure pourrait être dévastatrice pour les économies très dépendantes de l’exportation de puces, comme les Philippines ou la Malaisie. Le président de la fédération des semi-conducteurs philippins a qualifié le projet de Trump de « coup potentiellement fatal » pour leur industrie. En Malaisie, le ministre du Commerce a averti le Parlement des « risques élevés de perte de compétitivité ».
En Europe, l’Union européenne aurait, selon les premiers éléments, négocié un tarif préférentiel unique de 15 % sur les puces, l’électronique et les produits pharmaceutiques, dans le cadre d’un accord élargi.
Vers un "découplage technologique" assumé
Cette stratégie s’inscrit dans une logique de découplage radical d’avec la Chine, initiée dès le premier mandat de Trump et désormais réactivée avec intensité. Pour les États-Unis, il s'agit autant de protéger la chaîne d’approvisionnement nationale que d’empêcher Pékin de tirer profit des technologies occidentales.
Mais de nombreux experts, dont Jensen Huang, le PDG de Nvidia, rappellent que ce découplage pourrait ralentir l’innovation et inciter les ingénieurs chinois à développer des alternatives, au risque de créer un écosystème technologique parallèle. Les États-Unis pourraient ainsi se priver de talents, de matières premières critiques et de débouchés clés.
Les grands groupes misent sur le "made in America"
Au-delà d’Apple, d'autres géants comme Nvidia, Intel ou GlobalWafers ont déjà investi des milliards pour renforcer leur présence industrielle aux États-Unis. Le programme CHIPS Act, doté de 52,7 milliards de dollars, a déjà permis de convaincre les cinq principaux fondeurs de semiconducteurs de s’installer sur le territoire américain.
Selon le Peterson Institute for International Economics, près de 12 % des puces mondiales sont actuellement produites aux États-Unis, contre 40 % en 1990. Trump entend inverser cette tendance par tous les moyens.