
Taiwan parie sur la jeunesse internationale pour préserver sa suprématie dans les semi-conducteurs
L’île de Taiwan, forte de ses 23 millions d’habitants, exerce une influence démesurée sur la chaîne d’approvisionnement mondiale en semi-conducteurs. Des entreprises telles que TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Co), leader mondial du fonderie de puces, ainsi que MediaTek et UMC, sont incontournables dans la fabrication de composants essentiels à presque tous les appareils électroniques et serveurs d’intelligence artificielle. Ce poids technologique s’accompagne d’une pression intense : toute faiblesse dans ce secteur constituerait une menace existentielle pour l’économie taïwanaise, dont la réputation internationale repose principalement sur ses géants du semi-conducteur, rapporte Reuters.
La croissance fulgurante de l’industrie s’accompagne d’une pénurie généralisée de main-d’œuvre qualifiée. Les offres d’emploi liées aux semi-conducteurs sont passées de 19 401 au deuxième trimestre 2020 à 33 725 à la même période en 2024, soit une augmentation de 74%. Le nombre de diplômés issus des filières STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques) a cependant diminué d’environ 15% sur la même période. Ce phénomène s’explique principalement par le taux de natalité en chute libre : les naissances annuelles à Taiwan sont passées de plus de 210 000 en 2014 à environ 135 000 en 2024, compliquant le renouvellement des effectifs, aussi bien du côté des ingénieurs R&D que des opérateurs ou techniciens.
Attirer la jeunesse internationale : un pari technologique et éducatif
Pour remédier à cette pénurie, des initiatives pionnières visent à attirer de jeunes talents du monde entier. À titre d’exemple, Synopsys, un acteur majeur des logiciels de conception de puces, organise des camps d’été dédiés à la découverte des infrastructures de fabrication de semi-conducteurs à Taiwan. Ce programme, accessible en mandarin comme en anglais, a attiré cette année des élèves de huit nationalités différentes, permettant d’alimenter la curiosité dès le plus jeune âge pour les métiers de l’électronique et du numérique.
Le président de Synopsys Taïwan rappelle l’urgence de renforcer l’enseignement STEM, dès l’enfance, pour former “la main-d’œuvre de demain”.
Former et fidéliser les ingénieurs étrangers
Les universités taïwanaises multiplient également les programmes spécifiques pour étudiants étrangers. Depuis 2024, l’Université nationale de Taïwan propose un cursus en semi-conducteurs destiné aux étudiants internationaux, incluant des cours de mandarin afin de faciliter leur intégration professionnelle locale. Plus de quarante étudiants de dix pays différents y sont désormais inscrits.
TSMC investit également dans la formation croisée, soutenant des échanges universitaires avec l’Europe, notamment avec le Land de Saxe, en Allemagne, où les étudiants peuvent effectuer un semestre à Taiwan avant un stage chez TSMC.
Éveiller la passion pour l’électronique dès le plus jeune âge
D’autres initiatives s’adressent encore plus tôt à la jeunesse : l’Université nationale Yang Ming Chiao Tung, avec le soutien de TSMC, a lancé un programme de découverte dès 10 ans, utilisant jeux interactifs en ligne et outils ludiques pour vulgariser la science des puces électroniques.
Selon le président de NYCU, susciter la curiosité aujourd’hui, c’est garantir l’essor de la filière électronique demain.