Le PDG d’Infineon s’inquiète : Les droits de douane menacent la chaîne mondiale des semi-conducteurs
Jochen Hanebeck, directeur général d'Infineon, a lancé un avertissement clair lors d'une déclaration à Dresde, rapporte Reuters. L'imposition de droits de douane américains sur les semi-conducteurs constituerait une erreur fondamentale pour l'ensemble du secteur électronique. Il rappelle que l’industrie des semi-conducteurs repose intrinsèquement sur une chaîne d’approvisionnement globale. Aucun pays, selon lui, n’est capable de produire isolément tous les composants nécessaires au bon fonctionnement de l’écosystème électronique mondial. D’un point de vue technologique, chaque étape clé (conception, fabrication, assemblage, tests) se répartit sur plusieurs continents, intégrant l’innovation et l’excellence de multiples centres industriels.
Pour Hanebeck, l’industrialisation par barrières tarifaires irait à l’encontre de l’évolution technologique nourrie par la collaboration mondiale. Les semi-conducteurs reposent sur l’accès aux meilleures technologies disponibles à chaque étape, qu’il s’agisse de lithographies extrêmes, de matériaux avancés ou de traitements de surface ultra-précis. Un cloisonnement commercial ralentirait la diffusion des innovations, diminuerait la compétitivité des acteurs et pénaliserait les développeurs, industriels comme fabricants d’électronique grand public.
Les chaînes de valeur à l’épreuve de l’incertitude
Infineon ressent déjà ces répercussions potentielles : l’inquiétude grandit chez les clients, en particulier dans l’industrie automobile, où l’accès garanti aux semi-conducteurs est un facteur critique, aussi bien pour la sécurité des véhicules que pour leur niveau d’innovation technologique embarquée.
Les droits de douane, déjà imposés récemment sur d’autres secteurs (25% sur les importations automobiles, allégés à 15% après négociations avec l’Union européenne), freinent les investissements et perturbent les plans de développement à long terme.
Un avertissement sur les conséquences économiques et technologiques
Hanebeck estime que la tentation protectionniste minerait les fondations économiques, mais aussi le progrès technologique, de toute la filière électronique. Les droits de douane ne se limiteraient pas à des effets macroéconomiques : ils entraveraient la confiance, l’agilité et la planification stratégique, provoquant retards et surcoûts dans l'accès à des composants essentiels.
Les technologies de l’information, les objets connectés, l’automobile intelligente ou l’intelligence artificielle sont tous tributaires de cette fluidité d’approvisionnement.
