Annonce
Annonce
Annonce
Annonce
© Liviorki for Evertiq
Industrie électronique |

40 milliards d’euros de puces IA américaines : Promesse sans plan ou dépendance assumée ?

Le 27 juillet 2025, l’Union européenne a annoncé à travers la voix de sa présidente Ursula von der Leyen l’intention d’acheter pour 40 milliards d’euros de puces d’intelligence artificielle américaines. Ce volet technologique fait partie d’un vaste accord commercial informel passé avec l’ancien président Donald Trump, incluant également 750 milliards de dollars d’achats énergétiques. Mais, à l’instar des engagements sur l’énergie ou l’investissement, cet achat de puces reste un objectif déclaratif, non contraignant, sans précision sur les échéances, obligations ou modalités concrètes d’exécution.

La question primordiale est celle de l’acheteur réel de ces composants électroniques hautement stratégiques. En réalité, l’Union européenne n’a pas la compétence directe pour imposer ce type d’achat à ses États membres ou à ses entreprises. L’essentiel des commandes relèvera du secteur privé européen : géants du cloud, groupes industriels, start-up de l’IA, centres de recherche, mais aussi consortiums publics-privés engagés dans le déploiement de giga-usines de data centers ou de supercalculateurs. Les États et la Commission peuvent tenter d’inciter ou d’accompagner par des dispositifs de soutien ou de subvention, mais ils ne fixent pas et ne garantissent pas le volume des achats ni leur calendrier.

Pourquoi les puces IA américaines restent incontournables

Du point de vue technologique, la domination américaine demeure écrasante sur la filière des semi-conducteurs avancés pour l’intelligence artificielle. Des entreprises comme Nvidia (leader des GPU pour l’IA), Intel, AMD, Qualcomm ou Google monopolisent le marché des composants nécessaires au développement des grands modèles d’IA et au fonctionnement des data centers d’entraînement. 

Selon les données du secteur, les microprocesseurs équipant les plus grands projets européens, y compris militaires, proviennent pour plus de 90% d’acteurs américains, Nvidia s’imposant comme fournisseur quasi exclusif de certaines catégories de processeurs IA. 

Vers une dépendance structurelle… ou un sursaut européen ?

L’annonce de ces gigantesques achats n’a donc rien d’anodin : elle confirme la dépendance structurelle de l’industrie européenne aux technologies américaines. Malgré les efforts du « Chips Act » européen et les annonces d’investissements dans de nouvelles usines sur le continent, aucune entreprise locale ne peut rivaliser à court terme avec la capacité d’innovation, la puissance financière et la profondeur de gamme des fournisseurs américains. 

La question centrale n’est donc pas seulement « qui va acheter », mais aussi comment l’Europe pourrait, à terme, réduire cette dépendance en soutenant de nouveaux champions technologiques locaux. 

Les limites d’un accord (trop) politique

Enfin, il faut rappeler qu’aucun engagement réel n’est exigé du secteur européen : pas d’objectif juridiquement contraignant, pas de planning ferme, pas de clauses précises. L’accord du 27 juillet 2025, salué comme une victoire politique à Washington, fonctionne avant tout comme un symbole sur la scène internationale, mais il laissera la main à la réalité industrielle et aux choix de marché du secteur privé européen pour transformer, ou non, ces promesses massives en livraisons de puces IA américaines. 


Annonce
Annonce
Plus d’actualités
© 2025 Evertiq AB July 29 2025 1:09 pm V24.1.28-1