
Comment ASML contourne la taxe de 15% sur les semi-conducteurs
Un nouvel accord commercial entre les États-Unis et l’Union européenne impose désormais une taxe douanière de 15 % sur la majorité des produits technologiques européens, en particulier les semi-conducteurs. Cette mesure, annoncée conjointement par Donald Trump et Ursula von der Leyen, vise officiellement à renforcer la compétitivité américaine. Pour le secteur européen de la microélectronique déjà sous pression, cette décision pourrait avoir des conséquences majeures sur la compétitivité et l’innovation. Comme le rapporte ZDNet, cette taxe constitue un tournant pour l’équilibre des forces dans l’industrie. Surprise : certains acteurs clés du secteur, dont le néerlandais ASML, échappent à cette taxe.
Contrairement aux fabricants de semi-conducteurs, ASML conçoit et exporte les machines essentielles à la fabrication des puces avancées, comme celles utilisées par Nvidia pour ses processeurs IA. Ces équipements, véritable colonne vertébrale de l’industrie mondiale, resteront exempts de droits de douane selon les précisions apportées dans l’accord, une exemption confirmée par ZDNet dans son analyse détaillée de l’impact de la mesure. Cette exemption constitue un avantage substantiel. L’action ASML, aux côtés d’autres fabricants d’équipements comme ASM International ou BE Semiconductor, a enregistré une nette hausse à la suite de l’annonce, signe que le marché a immédiatement perçu l’importance stratégique de cette différenciation.
Pourquoi ASML reste incontournable pour les États-Unis et l’IA
ASML détient un quasi-monopole mondial sur les machines lithographiques à ultraviolet extrême (EUV), indispensables à la production des semi-conducteurs ultraprécios pour l’intelligence artificielle et les serveurs avancés américains. Sans l’expertise et les équipements d’ASML, même des géants comme Nvidia se retrouveraient rapidement bloqués dans leur chaîne de fabrication.
Les autorités américaines n’ont donc pas intérêt à entraver l’importation de ces machines, sous peine de freiner leur propre écosystème technologique, en particulier dans la course à la suprématie en intelligence artificielle.
Un déséquilibre dans la stratégie européenne
Si les fabricants d’équipements comme ASML sont protégés, les producteurs européens de puces, eux, devront s’acquitter de la nouvelle taxe et voient donc leur compétitivité fragilisée. L'idée d'une Europe capable de rivaliser avec les titans américains et asiatiques sur la production de semi-conducteurs prend un sérieux coup.
En 2023, l’UE ne représentait que 8% de la production globale de dispositifs semi-conducteurs, même si elle détenait 28% du marché des équipements nécessaires à leur fabrication. L’ambition de l’European Chip Act d’atteindre 20% du marché mondial d’ici 2030 est désormais jugée irréaliste par la Cour des comptes européenne, qui estime que la part atteindra tout au plus 11,7%, loin de l’objectif affiché.
Les modalités d’application de la taxe
La taxe de 15% sera appliquée à l’importation, calculée sur la valeur du produit hors frais de transport et d’assurance, et acquittée par l’importateur américain (grossiste, détaillant, ou utilisateur final). Ce prélèvement s’effectuera donc au prix de transfert, ce qui permettra d’amortir partiellement son impact sur les consommateurs finaux, mais touchera de plein fouet la rentabilité des fabricants européens de composants électroniques.