
STMicroelectronics : Première perte en dix ans, les défis derrière la restructuration
STMicroelectronics connaît une perte opérationnelle de 133 millions de dollars au deuxième trimestre 2025, selon Reuters. Il s’agit de sa première perte depuis plus de dix ans, alors que les analystes tablaient sur un bénéfice moyen de 56,2 millions de dollars. Cette performance décevante s’explique principalement par une charge de 190 millions de dollars liée à une vaste opération de restructuration et des dépréciations d’actifs.
Au cœur de la difficulté : un modèle industriel historiquement fondé sur l’intégration verticale. STMicroelectronics fabrique 80% de ses puces en interne, ce qui limite sa flexibilité en période de ralentissement, comparé à des rivaux comme Infineon ou NXP qui s’appuient davantage sur la sous-traitance. Ce choix induit des coûts fixes élevés (personnel, infrastructures), aggravant l’impact de la baisse de la demande dans les secteurs clés que sont l’automobile, l’industrie et l’électronique grand public.
La restructuration vise donc à moderniser et optimiser l’empreinte industrielle du groupe. L’enjeu est de recentrer les investissements sur des technologies porteuses :
- Lignes de production 300mm (silicium)
- 200mm (carbure de silicium)
- Accentuation sur la R&D et l’automatisation, avec recours accru à l’intelligence artificielle pour maximiser la productivité sur les sites européens.
Un plan social d’envergure et revitalisation technologique
Le plan présenté prévoit la suppression de 2 800 postes à l’échelle mondiale, en priorité sur une base volontaire et via l’attrition naturelle, principalement entre 2026 et 2027. Les départs concernent surtout les fonctions les plus répétitives, la direction souhaitant faire évoluer les métiers vers le contrôle, la conception et la maintenance de procédés automatisés.
À terme, le groupe vise des économies annuelles de plusieurs centaines de millions de dollars d’ici 2027, un objectif confirmé malgré un contexte social et actionnarial tendu, les États français et italien (actionnaires à 27,5%) manifestant leurs inquiétudes.
Contexte de marché : l’effet domino des difficultés sectorielles
La crise de surcapacité et de baisse de la demande mondiale frappe tout le secteur des semi-conducteurs. STMicroelectronics, comme ses concurrents Texas Instruments ou NXP, subit la hausse des stocks et les retards d’investissement, notamment dans l’automobile et l’industrie, sans parler des tensions commerciales et géopolitiques qui compliquent la planification industrielle à moyen terme. Les revenus du trimestre dépassent cependant les attentes à 2,76 milliards de dollars contre 2,71 prévus, offrant un espoir de reprise progressive.
Malgré cette déconvenue financière, STMicroelectronics maintient ses ambitions technologiques : accélérer la différenciation sur les technologies numériques en France, analogiques et de puissance en Italie, et sur les procédés matures à Singapour. L’entreprise capitalise sur ses positions stratégiques auprès de grands clients, comme Tesla pour les puces de puissance et Apple pour les modules eSim, et se prépare à accompagner les prochaines vagues d’innovation en microélectronique (électrification, IA embarquée, smart industry).
Le groupe n’a toutefois pas publié de prévisions précises pour l’ensemble de l’exercice 2025, témoignant d’une prudence face à la volatilité du marché.