
Rafale : Dassault sous tension industrielle malgré un carnet de commandes record
Le paradoxe est saisissant. Alors que le Rafale de Dassault Aviation connaît un succès commercial sans précédent à l’export, l’avionneur français doit composer avec une chaîne d’approvisionnement sous-dimensionnée et une montée en cadence industrielle plus complexe que prévu, selon BFM Business.
Avec plus de 220 appareils à produire, dont 164 pour les clients étrangers (et 26 de plus pour l’Inde depuis avril), l’ensemble de l’écosystème est placé sous pression.
« La chaîne industrielle n’est pas encore calibrée pour suivre, et les sous-traitants tirent la langue », rapporte BFM Business. En clair, si les commandes pleuvent, la capacité à produire reste tributaire des maillons de la filière, du fournisseur de pièces critiques aux partenaires d’assemblage.
Aujourd’hui, il faut environ 42 mois pour livrer un Rafale, avec des séquences industrielles rigides : chaudronnerie, câblage, intégration avionique, motorisation, tests, etc. L’objectif de Dassault pour 2025 est de livrer 25 appareils, soit un peu plus de deux avions par mois.
Mais pour tenir ce rythme, voire le dépasser, plusieurs conditions sont nécessaires :
- Une chaîne logistique robuste, avec des fournisseurs capables de livrer en juste-à-temps,
- Une capacité d’assemblage finale élargie,
- Et un renforcement des capacités industrielles des PME et ETI partenaires, souvent à flux tendu.
Soutien aux sous-traitants : logistique, financement, diversification
Conscient du goulet d’étranglement, Dassault multiplie les mesures de soutien à sa supply chain :
- Soutien bancaire ciblé pour renforcer la trésorerie des petits fournisseurs,
- Diversification et requalification de nouveaux fournisseurs pour sécuriser les flux critiques,
- Lancement d’un nouveau hub logistique pour fluidifier les acheminements inter-sites et internationaux.
L’industriel doit en effet jongler avec une supply chain très diversifiée, qui englobe des dizaines d’acteurs dans les secteurs de l’électronique embarquée, de l’usinage de précision, des systèmes optroniques, des matériaux composites, ou encore des connecteurs militaires.
Vers une cadence 3 en 2026, cadence 4 en 2029 ?
Le PDG Éric Trappier l’avait indiqué dès mars 2025 : le groupe envisage de passer à une cadence de production de trois avions/mois en 2026, puis quatre d’ici 2029. Une cadence 5 – soit 60 Rafale par an – est techniquement possible, mais probablement post-2030, sauf changement stratégique majeur.
Le Rafale est aujourd’hui en service dans sept pays : Qatar (36 appareils), Inde (62), Égypte (55), Grèce (24), Émirats Arabes Unis (80), Indonésie (42), Croatie (12 d’occasion). Ce portefeuille export exige une gestion millimétrée des priorités de livraison, des configurations spécifiques à chaque client, et du service après-vente (MCO) associé.