Berlin relance sa stratégie de semi-conducteurs avec au moins trois nouvelles fabs en Allemagne
Le gouvernement fédéral allemand entend positionner l’Allemagne comme leader européen de la production de semi-conducteurs. C’est ce que révèle le Hightech-Agenda, un plan stratégique de 35 pages élaboré par le ministère fédéral de la Recherche, que le Bundeskabinett doit adopter d’ici fin juillet. Le texte prévoit notamment la construction d’au moins trois nouvelles usines de semi-conducteurs, sans encore en dévoiler les localisations précises ni les entreprises concernées.
L'Allemagne veut devenir le "n°1 européen des puces".
« Nous ramenons de nouvelles usines de puces en Allemagne et établissons notre pays comme site de production n°1 en Europe », peut-on lire dans le document obtenu par Reuters.
L’objectif est clair : accélérer la relocalisation des capacités de fabrication, non seulement pour les puces elles-mêmes, mais aussi pour les équipements et intrants critiques. Une attention particulière sera portée aux circuits intégrés intelligents et économes en énergie, notamment pour des applications dans l’intelligence artificielle embarquée, comme les véhicules autonomes.
Dès cette année, un projet pilote de supercalculateur embarqué dans un véhicule devrait voir le jour, illustrant la volonté de l’Allemagne de se positionner sur les segments les plus avancés de la chaîne de valeur.
Rattraper les revers, relancer la dynamique
Cette annonce intervient dans un contexte d’incertitude : le report du projet de méga-fab d’Intel à Magdebourg, initialement soutenu par près de 10 milliards d’euros d’aides publiques, avait semé le doute sur la solidité de la stratégie industrielle allemande.
Avec cette nouvelle feuille de route, le gouvernement cherche à recréer une dynamique de souveraineté technologique, en cohérence avec les ambitions du Chips Act européen, mais aussi à regagner la confiance des investisseurs internationaux.
Un Hightech-Agenda aux ambitions transversales
Au-delà des semi-conducteurs, le plan intègre des investissements structurants dans :
- la recherche en IA et technologies quantiques, avec une stratégie industrielle d’application à venir ;
- le domaine spatial, la santé, et l’articulation civile-militaire de la R&D ;
- les énergies vertes : batteries stationnaires, matériaux pour batteries solides, éolien, solaire, et même un projet de réacteur à fusion à long terme.
Un effort spécifique sera engagé à partir de 2026 pour créer des pôles de compétence sur les batteries, et faire de l’Allemagne un site de référence mondial dans ce domaine.
Financements mixtes et rôle moteur de l’État
Le financement de cette ambitieuse stratégie s’appuiera sur :
- une combinaison de fonds publics et privés via le "Deutschlandfonds" ;
- un appel accru au capital-risque technologique ;
- l’implication de l’État comme "client de référence" pour accélérer la mise sur le marché des technologies développées.
« L’État jouera un rôle d’acheteur de première instance pour soutenir l’industrialisation des innovations », précise le texte.
