SiPearl : La French Tech mise sur Taïwan pour lancer ses puces pour l’IA
Pour franchir un nouveau cap et accélérer l’industrialisation de ses puces, SiPearl a finalisé une levée de fonds de 130 millions d’euros, dont une part significative provient du fonds taïwanais Cathay Venture, comme le rapporte Les Échos. Ce soutien marque la première incursion d’un investisseur privé taïwanais dans une start-up française du secteur, aux côtés de fonds européens comme l’EIC Fund et French Tech Souveraineté (France 2030).
Fondée en 2019, SiPearl développe des microprocesseurs haute performance pour supercalculateurs, avec pour objectif de renforcer la souveraineté technologique européenne face à la concurrence américaine et asiatique, notamment dans des domaines stratégiques comme l’IA, la santé et la défense. Malgré son rôle stratégique et le soutien de l’Union européenne, SiPearl a traversé récemment une période délicate, marquée par une procédure de conciliation avec ses créanciers. Cette phase a mis en lumière les défis financiers auxquels sont confrontées les entreprises de la deeptech, surtout dans un contexte de compétition mondiale exacerbée et de cycles d’investissement longs et risqués.
La technologie Rhea1 : un processeur européen de rupture
Au cœur de la stratégie de SiPearl se trouve Rhea1, le microprocesseur le plus complexe jamais conçu en Europe, fort de 80 cœurs Arm Neoverse V1 et de plus de 61 milliards de transistors. Rhea1 vise à équiper le supercalculateur exascale européen JUPITER, une infrastructure de pointe capable d’atteindre un milliard de milliards d’opérations par seconde, essentielle pour la recherche et l’IA de nouvelle génération.
Ses caractéristiques techniques majeures :
- Architecture Arm Neoverse V1, optimisée pour le calcul intensif et l’efficacité énergétique.
- Gravure avancée en 6 nm ou mieux, assurée par TSMC.
- Intégration massive de mémoire pour répondre aux besoins des applications IA et HPC.
Production industrielle confiée à TSMC, le géant taïwanais
SiPearl a choisi de confier la fabrication de ses puces à TSMC, leader mondial de la fonderie de semi-conducteurs. Ce partenariat permet à la start-up de bénéficier des procédés de gravure les plus avancés et d’assurer une montée en volume rapide, essentielle pour répondre aux besoins des supercalculateurs européens et des applications IA émergentes.
Un enjeu de souveraineté et de compétitivité pour l’Europe
L’initiative de SiPearl s’inscrit dans une dynamique européenne visant à réduire la dépendance aux technologies extra-européennes. En collaborant avec TSMC et en attirant des capitaux taïwanais, la start-up démontre qu’il est possible de concilier ambition industrielle, innovation technologique et ouverture internationale, tout en travaillant à la reconquête d’une souveraineté électronique européenne.
L’IA et le cloud comme relais de croissance
SiPearl ne compte pas s’arrêter aux supercalculateurs. La prochaine génération de ses processeurs vise aussi les marchés du cloud, des data centers et de l’intelligence artificielle, avec l’objectif de s’imposer comme une alternative crédible face aux géants américains et asiatiques.
La réussite de la production de Rhea1 chez TSMC sera un test décisif pour l’avenir de la French Tech dans le secteur des semi-conducteurs.