
Coopération franco-malaisienne pour les semi-conducteurs lors de la visite d’Anwar Ibrahim à Paris
La visite officielle d’Anwar Ibrahim à Paris marque une étape décisive dans la volonté de la Malaisie de renforcer ses liens avec la France, notamment dans les secteurs de l’aérospatiale, de l’intelligence artificielle et, surtout, des semi-conducteurs. Comme le rapporte l'agence nationale de presse malaisienne Bernama, cette rencontre vise à favoriser les investissements croisés, les transferts de technologies, ainsi que la formation de talents malaisiens dans des filières à haute valeur ajoutée.
La France, dont le marché des semi-conducteurs dépasse les 7 milliards d’euros, dispose d’un écosystème industriel et technologique de pointe, incarné par des entreprises telles qu’Airbus, Thales ou encore Arkema, que le Premier ministre malaisien doit rencontrer lors d’une table ronde avec des capitaines d’industrie français.
La Malaisie, acteur clé des semi-conducteurs, à la conquête de nouveaux partenariats
La Malaisie s’impose aujourd’hui comme un acteur majeur de l’industrie mondiale des semi-conducteurs, représentant 25% de son PIB et occupant la sixième place mondiale en matière d’exportations dans ce secteur. Sous l’impulsion du Premier ministre Anwar Ibrahim, le pays cherche désormais à dépasser le simple rôle de producteur pour devenir un hub d’innovation, notamment via la création d’un immense parc de conception de circuits intégrés à Selangor, près de Kuala Lumpur.
Cette ambition s’inscrit dans un contexte de tensions sino-américaines qui poussent de nombreux industriels à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement, faisant de la Malaisie une destination privilégiée pour les investissements stratégiques dans les semi-conducteurs.
Investissements croisés et transferts de technologies : l’exemple de Weeroc
La dynamique de coopération se concrétise déjà sur le terrain, à l’image de la société française Weeroc, spécialisée dans la conception de puces pour l’aérospatiale et la photodétection, qui a annoncé l’ouverture de ses opérations en Malaisie dès 2025 avec un investissement de 20 millions de ringgits. Ce partenariat illustre la volonté des deux pays de développer des synergies dans des segments à forte valeur ajoutée, en particulier dans le design de circuits intégrés et les applications liées à l’intelligence artificielle.
La Malaisie, qui ambitionne de former 60 000 ingénieurs spécialisés et de créer au moins dix entreprises nationales de conception et de packaging avancé, compte sur l’expertise française pour accélérer sa montée en gamme.
Stratégie nationale et ambitions globales de la Malaisie
Portée par la National Semiconductor Strategy (NSS) et le New Industrial Master Plan 2030, la Malaisie vise à attirer 500 milliards de ringgits d’investissements dans la chaîne de valeur des semi-conducteurs, du design à la fabrication d’équipements spécialisés.
Le partenariat stratégique signé récemment avec le britannique Arm Holdings s’inscrit dans cette logique, offrant aux acteurs locaux un accès privilégié à la propriété intellectuelle et aux technologies de pointe, tout en prévoyant la création de dix entreprises de fabrication de puces générant 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel.
Un enjeu de souveraineté et de formation des talents
Au-delà des investissements, la coopération franco-malaisienne vise également à répondre au défi du développement des compétences locales. Le Premier ministre Anwar Ibrahim a appelé les étudiants malaisiens formés en France à revenir au pays pour contribuer à la transformation de l’industrie nationale.
Cette stratégie de montée en compétences est essentielle pour garantir l’autonomie technologique de la Malaisie et renforcer sa position dans les chaînes de valeur mondiales.