Le triomphe “Made in the USA” de Trump ne viendra pas de l’iPhone, mais de l’électronique de pointe
À Houston, Texas, les chantiers de Foxconn grouillent d’activité : des centaines d’ouvriers et d’ingénieurs travaillent sans relâche à l’expansion des capacités de production de serveurs d’intelligence artificielle (IA) sur le sol américain. Cette démarche, orchestrée par l’un des principaux fournisseurs de Nvidia, marque un tournant majeur dans la relocalisation de la chaîne d’approvisionnement électronique aux États-Unis, et pourrait bien constituer la première victoire industrielle concrète de la politique “Made in the USA” de Donald Trump, loin devant la production de l’iPhone.
Foxconn investit massivement à Houston pour répondre à la demande croissante en serveurs IA, notamment pour Nvidia, acteur incontournable du marché des puces d’intelligence artificielle. L’entreprise a acquis des terrains et des usines pour un montant avoisinant les 142 millions de dollars, afin de produire sur place une part significative, à deux chiffres, de ses modules et cartes graphiques (GPU), actuellement fabriqués à plus de 90 % à Taïwan. Cette stratégie vise à renforcer la résilience de la chaîne logistique face à l’instabilité géopolitique.
L’expansion fulgurante des géants de l’électronique
Plusieurs autres acteurs majeurs de l’électronique, comme Wistron, TSMC, SK Hynix, Delta Electronics, Lite-On Technology, et Quanta Computer, s’installent ou élargissent aussi leurs sites de production aux États-Unis, notamment au Texas.
Wistron prévoit d’achever ses nouvelles usines dans les 12 à 15 prochains mois, tandis que TSMC commence la production de puces IA, dont les fameux Blackwell de Nvidia, dans son usine d’Arizona dès cette année.
La technologie au cœur du renouveau industriel américain
Le cœur des serveurs IA réside dans les modules GPU, des composants extrêmement complexes à développer et à assembler. Foxconn et Wistron, leaders mondiaux de l’assemblage électronique, collaborent étroitement avec TSMC, qui fabrique les puces à l’état brut. Plus de mille ingénieurs de Foxconn sont déjà mobilisés sur le développement des systèmes IA pour Nvidia, couvrant toute la chaîne, de la conception des GPU à l’assemblage final.
La production de ces serveurs exige des compétences pointues, une automatisation poussée et une intégration verticale rarement atteinte dans l’industrie électronique grand public. Les nouvelles usines, conçues pour fonctionner en flux tendu avec des lignes ultra-automatisées, pourront produire des centaines de milliers de serveurs IA chaque année.
Les serveurs IA, moteur de la souveraineté technologique américaine
L’essor des centres de données IA s’est accéléré avec l’émergence des outils génératifs comme ChatGPT. Les hyperscalers américains, Microsoft, Meta, Google, AWS, investissent massivement dans l’infrastructure IA, faisant des États-Unis le principal marché mondial pour ce type d’équipements. Selon Dell’Oro Group, l’Amérique du Nord représente déjà plus de la moitié des dépenses mondiales en infrastructure IA, un chiffre appelé à se maintenir.
Cette demande soutenue, combinée à la volonté politique de relocalisation, explique pourquoi la production de serveurs IA s’implante aux États-Unis alors que celle de l’iPhone, beaucoup plus dépendante d’une main-d’œuvre bon marché et d’une chaîne d’approvisionnement mondiale, reste ancrée en Asie.
Les limites de la relocalisation totale
Si les composants clés des serveurs IA (GPU, cartes mères, et systèmes de refroidissement) sont désormais produits ou assemblés aux États-Unis, certains éléments comme les substrats de puces, les connecteurs rapides ou les circuits imprimés resteront fabriqués en Asie pour des raisons de coût et d’expertise industrielle.
Les dirigeants du secteur reconnaissent que la relocalisation complète est impossible, mais soulignent que le cœur de la chaîne de valeur, à savoir la conception, l’assemblage et l’intégration, se déplace bel et bien vers l’Amérique.
Un marché à la croissance exponentielle
Le marché mondial de l’infrastructure IA devrait atteindre 1 000 milliards de dollars par an d’ici 2028. Les investissements annoncés par Nvidia et ses partenaires, 500 milliards de dollars sur quatre ans, témoignent de l’ampleur du mouvement.
Les hyperscalers, principaux acheteurs de ces équipements, sont prêts à absorber des coûts plus élevés pour sécuriser leur approvisionnement et gagner des parts de marché.
