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L’UE doit quadrupler ses dépenses en semi-conducteurs pour renforcer sa souveraineté technologique

L’Union européenne est à un tournant stratégique dans sa politique industrielle et technologique. Le groupe industriel SEMI, représentant les acteurs européens de la filière des semi-conducteurs, a appelé mardi à un quadruplement des investissements publics européens dans ce secteur clé de l’électronique et des technologies avancées, rapporte Reuters. Cette recommandation s’inscrit dans le cadre des consultations en cours sur le prochain budget d’investissement européen pour la période 2028-2034. L’enjeu est clair : garantir la compétitivité et l’autonomie technologique de l’Europe face à une concurrence mondiale féroce.

La demande mondiale en semi-conducteurs est en pleine explosion, portée par la digitalisation accélérée, la transition énergétique et la montée en puissance des applications basées sur l’IA. Pour l’Europe, maîtriser cette chaîne d’approvisionnement est devenu un impératif stratégique, tant pour la sécurité économique que pour la souveraineté technologique.

Un budget européen à la traîne face aux ambitions mondiales

Aujourd’hui, l’UE ne contribue qu’à hauteur de 4,5 milliards d’euros sur les 43 milliards prévus dans le plan européen pour les semi-conducteurs, tandis que la majorité des fonds publics provient des États membres. Cette fragmentation des investissements crée une mosaïque d’initiatives nationales qui peinent à s’agréger en une force européenne cohérente.

Dans ce contexte, la Cour des comptes européenne a récemment tiré la sonnette d’alarme : l’objectif de l’UE de capter 20 % de la production mondiale de puces d’ici 2030 est irréaliste au rythme actuel des investissements. Selon les projections, l’Europe atteindrait seulement 11,7 % de part de marché, soit un peu plus de la moitié de son ambition initiale.

SEMI souligne qu’un budget européen distinct et significativement augmenté, à hauteur de 20 milliards d’euros, est indispensable pour uniformiser les règles du jeu et coordonner les efforts à l’échelle du continent. Ce budget permettrait de mobiliser des investissements publics et privés cumulés dépassant 260 milliards d’euros, indispensables pour construire des capacités de production avancée et soutenir la recherche et développement.

La nécessité d’une « loi sur les puces 2.0 » pour combler les lacunes technologiques

Face aux défis technologiques, les parlementaires européens et les industriels militent pour une nouvelle législation, baptisée « loi sur les puces 2.0 ». Cette initiative vise à renforcer les capacités de production de puces dites « de pointe », notamment celles destinées à l’intelligence artificielle, aux technologies quantiques et aux composants critiques de la chaîne d’approvisionnement.

L’Europe accuse aujourd’hui un retard notable dans ces segments stratégiques, largement dominés par des acteurs asiatiques et nord-américains. La loi 2.0 devrait non seulement encourager les investissements massifs, mais aussi favoriser la coopération transnationale, la standardisation et la création d’un écosystème industriel intégré.

Vers une souveraineté technologique européenne renforcée

La dépendance actuelle de l’Europe à l’égard des fournisseurs étrangers de semi-conducteurs expose le continent à des risques majeurs : ruptures d’approvisionnement, vulnérabilités géopolitiques, et perte de leadership dans des secteurs technologiques clés. En renforçant ses capacités industrielles et en investissant massivement dans la recherche et l’innovation, l’UE peut espérer bâtir une véritable souveraineté technologique.

Ce défi est d’autant plus urgent que les semi-conducteurs sont au cœur des transitions numériques et écologiques. Ils permettront à l’Europe de développer des solutions innovantes pour la mobilité durable, la santé connectée, la cybersécurité, et l’industrie du futur.


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