IA, embargos et fin du cycle des puces

Claus Aasholm, de Semiconductor Business Intelligence, sera l'invité d'honneur de la conférence inaugurale de l'Evertiq Expo de cette année à Malmö, qui se tiendra le 15 mai 2025. Sa présentation, intitulée « Vagues et tsunamis dans la chaîne d'approvisionnement des semi-conducteurs », explorera les changements spectaculaires qui transforment le paysage mondial des semi-conducteurs.

Aasholm remet en question la notion de longue date de la nature cyclique de l'industrie, suggérant que le modèle traditionnel d'expansion et de récession sur quatre ans n'est plus d'actualité.

« Le cycle de quatre ans des semi-conducteurs était déterminé par le cycle d'investissement. Au pic du cycle, tout le monde pouvait se permettre d'investir dans de nouvelles ressources (en même temps). Deux ans plus tard, ces ressources étaient mises en service et créaient une surcapacité, amorçant le cycle baissier. Sans investissement pendant deux ans, le marché était en sous-capacité, amorçant le cycle haussier, et ainsi de suite », explique M. Aasholm à Evertiq.

C'était logique et reposait sur des décisions économiques et financières. Cependant, Aasholm affirme que ce n'est plus le cas.

« Au cours de cette décennie, les semi-conducteurs sont devenus politiques et stratégiques : cela a commencé par des embargos sur les outils en Chine, suivis d'embargos sur l'IA et l'informatique, puis de subventions et de droits de douane. Le processus d'investissement est désormais basé sur les sources de financement et les embargos/droits de douane en vigueur, ce qui a perturbé le cycle. »

La situation s'est également aggravée avec l'IA, car elle est axée sur les prix et non sur le volume.

« La majeure partie des gains du marché WSTS provient des bénéfices de Nvidia, SK Hynix, Micron et Samsung. L'ensemble du boom de l'IA est alimenté par un très petit nombre de wafers extrêmement coûteux de TSMC. Cela ne transmet pas à la chaîne d'approvisionnement, qui connaît une reprise minimale », explique M. Aasholm.

Les entreprises traditionnelles de semi-conducteurs, celles qui ont un modèle de fabrication hybride comme TI, STM, Infineon et NXP, sont toujours coincées dans le cycle baissier.

Selon M. Aasholm, alors que la production haut de gamme se développe aux États-Unis, au Japon et à Taïwan grâce au soutien de l'État, la production de composants matures se développe de plus en plus en Chine, qui tire parti de sa capacité à jouer la carte du long terme.

Vous avez mentionné la « stratégie à long terme » de la Chine. Comment la Chine se positionne-t-elle face à ces changements, et quelles en sont les implications pour les ambitions de l'Europe en matière de semi-conducteurs ?

« La Chine est le seul pays qui n'est pas guidé par le court-termisme trimestriel. Le long terme, c'est être capable d'approvisionner sa production électronique en semi-conducteurs fabriqués localement, avec une chaîne d'approvisionnement entièrement chinoise. Et ils font beaucoup de progrès. Certains des grands ODM sont passés d'un approvisionnement local de 15 à 20 % à plus de 50 % au cours des deux dernières années », déclare M. Aasholm.

Parallèlement, il considère que l'approche de l'Europe est fragmentée et manque de cohésion, chaque pays cherchant à protéger ses champions nationaux, mais sans front uni :

« L'approche de l'UE est fragmentée. Les Pays-Bas protègent IMEC et ASML, l'Allemagne Infineon, l'Italie et la France STM, mais c'est une approche dispersée. Comme d'habitude, l'Europe s'occupe de tout sauf de ses vacances. »

La conférence aura lieu pendant l'Evertiq Expo à Malmö Arena, qui rassemble des professionnels de l'industrie électronique. La séance promet une « analyse graphique » remplie de données actuelles et d'idées percutantes, une signature de l'approche analytique d'Aasholm.